L'autonomie : enjeu majeur pour les professionnels de la Protection de l'Enfance.

Nous avons pu voir dans l'onglet intitulé "L'autonomie expliquée aux futurs et jeunes majeurs" la définition de l'autonomie. Bien qu'elle représente un réel enjeu pour les bénéficiaires, l'autonomie est également la préoccupation majeure des professionnels de la Protection de l'Enfance : éviter, limiter "les sorties sèches". A cette problématique, s'ajoute la conjoncture économique, sociale et sanitaire :l'accès à la formation (rémunérée) restreinte, la difficulté d'accès à l'emploi, l'accès au logement limité, l'accès aux soins parfois saturé, l'accès à la régularisation administrative retardée (liste non exhaustive).

L'autonomie : un outil essentiel.

Pour revenir au sujet de l'autonomie, une préparation adaptée est un atout, un outil essentiel permettant aux bénéficiaires et aux professionnels d'être mieux armé(e)s lors de la fin de prise en charge à l'Aide Sociale à l'Enfance.

Constat de notre association :

Dans le cadre de notre activité associative, nous pouvons constater que le degré d'autonomie est très variable d'un adhérent à l'autre.

Toutefois, pour apprécier "l'autonomie" plusieurs paramètres sont à prendre en compte :

- La confiance en soi et estime de soi / reconnaissance ou non reconnaissance sociale,

- Le degré d'acceptation ou non acceptation de son histoire de vie,

- Les blessures qu'ont laissé l'histoire de vie de l'intéressé(e) (une souffrance exprimée de façon explicite ou plus implicite, une souffrance consciente ou inconsciente),

- Les liens relationnels existants ou inexistants,

- La qualité des liens tissés entre l'adhérent et son entourage (familial, amical, scolaire, professionnel ...),

- Le ou les lieux d'accueil fréquentés ainsi que le degré de sécurité (vision holistique) apporté à l'adhérent durant son placement, 

- La préparation à l'autonomie par la famille d'accueil, le ou les éducateurs, psychologue(s), travailleurs sociaux, foyer, lieu de vie, milieu scolaire, milieu professionnel (tous ces professionnels et environnements contribuent à l'acquisition et au renforcement de l'autonomie chez un individu si toutefois la bienveillance est au rendez-vous),

- Le degré d'assimilation de l'adhérent et ainsi que sa charge mentale, 

- Son état de bien-être ou état de mal-être.

Cette liste est bien évidemment non exhaustive.

Accompagnement :

L'accompagnement peut se faire de façon ponctuelle ou de façon plus régulière. L'accompagnement peut être léger ou bien renforcé via le soutien de nos partenaires clés. 

Certains adhérents sont en pleine capacité et ne font qu'un avec leur autonomie, pour d'autres un accompagnement bienveillant, non stigmatisant, encourageant est indispensable.

Autre constat : autonomie, stress et réactivation de blessure(s):

Le stress dégrade considérablement les capacités à agir en "autonomie". Une charge mentale trop importante peu saturer le cerveau et nuire au bon fonctionnement de l'individu avec un impact sur les différents domaines de sa vie. Le stress accroit considérablement autour de la période de fin de prise en charge ASE ( plusieurs années ou mois avant et/ou après) que la sortie du dispositif soit encadrée ou "sèche" autrement brutale. Souvent le filet de sécurité en fin de dispositif est insuffisant pour combler à lui seul tous les besoins d'une personne. 

La fin de prise en charge à l'Aide Sociale à l'Enfance créé très souvent un "enième" sentiment d'abandon, de rejet faisant écho à l'histoire de vie de l'individu. Une rupture autour de laquelle les professionnels ASE échangent avec le bénéficiaire. Bien que préparé(e), la transition est tout même marquante.